À la tête des Premiers Grands
Vins Classés, en blanc comme en rouge, ce qui n’est pas si courant, d’autant plus qu’il est indéniable que les
prix sont largement justifiés pour un tel niveau de qualité.
“Au Domaine de Chevalier cette période de Covid sans voyages, ni réceptions m’a permis de me dégager du temps et de pouvoir me concentrer sur notre demande de certification en Bio sur l’ensemble de nos propriétés, nous raconte Olivier Bernard. Ce type de culture représente pour moi l’avenir car cela correspond à ma devise : “Donnez-moi un grand fruit et je ferai un grand vin”.
La bio et la Biodynamie, ce sont aussi un état d’esprit qui nous porte à un très grand respect de nos
terroirs et à cette dimension supplémentaire qui se retrouve aussi dans nos
Vins. C’est avant tout une vraie démarche d’observation, de retour à l’essentiel, des choix guidés par la
nature. Quand on en termine avec les produits de traitements de synthèse, on se doit d’être au plus près des
vignes, d’anticiper car, la moindre erreur ne pardonne pas… Ce choix en Biodynamie est un choix très vertueux et très exigeant, il n’y a plus de place à l’approximation, car on risque d’être rapidement sanctionné par la
nature, la précision est le maître mot.
Cela fait déjà une dizaine d’années que nous avions entamé ce processus, un vrai changement des mentalités, une vraie révolution ! Dès 2016, nous étions déjà dans ce mode cultural sur la moitié de nos propriétés.
Nous sommes en cours de certification, les
blancs seront certifiés en 2023 et les rouges en 2024. Que ce soit au Domaine de Chevalier,
Château Lespault-Martillac,
Clos des Lunes mais aussi
Château Poumey à Gradignan.
Le 2021 a été sans doute le millésime le plus compliqué à faire depuis mon arrivée en 1983. Cela a commencé par une forte gelée début Avril, puis, en Mai et Juin, nous avons eu beaucoup de pluie, ce qui nous a obligé, avec notre culture en Bio, à être extrêmement attentifs et vigilants.
Finalement, on ne se plaint pas et on s’en sort plutôt bien avec ce millésime 2021 : 30 hl de rouge et 40 hl de blanc. Ce n’était pas parti pour avoir un millésime de grande maturité, il a fallu se battre, prendre des risques insensés pour attendre au maximum la maturité surtout pour les rouges, nous l’avons fait et, sincèrement, nous avons gagné !
Les
blancs sont très réussis, ils présentent de la tension, beaucoup de fraicheur et une belle énergie, c’est vraiment l’apanage de ce 2021. Nos rouges 2021 ont été sauvés par un anticyclone de début Octobre qui a permis d’affiner la maturité des Cabernets-Sauvignons, c’est dommage pour ceux qui ont vendanger trop tôt fin Septembre… Heureusement, donc, ces dix derniers jours d’Octobre nous ont permis de sauver le millésime et surtout les Cabernets-Sauvignons qui étaient très qualitatifs, d’une belle maturité, ils ont d’ailleurs la part belle dans l’
assemblage avec 80%, auxquels s’ajoutent 10% de
Merlot (le
cépage qui a le plus souffert), 5% de
Cabernet franc et 5% de
Petit Verdot. Nous obtenons un 2021 certes d’un petit
rendement, mais très qualitatif, il me fait penser au 2014, des
Vins à la fois d’une belle puissance mais aussi d’une grande élégance.
Au
Château Lespault-Martillac, les Merlots issus de vieilles
vignes ont mieux résisté et ils entrent à 50% dans l’
assemblage, le
Château Lespault-Martillac 2021 conserve son style “rive droite” assez “Pomerol” grâce aux vieilles
vignes. Nous aimons cette différence qui est l’expression de son terroir et de son vignoble.
A
Sauternes, nous n’avons fait que du blanc
sec et pas du tout de
liquoreux car, en 2021, le vignoble a été fortement impacté par le gel.
Clos des Lunes, cette propriété créée en 2011, continue sa courbe d’expansion puisqu’on vend beaucoup plus que l’on ne produit (sic) ! Le marché manque de vin blanc
sec et nous sommes victimes du formidable succès de
Clos des Lunes - Lune d’Argent. Nous conservons notre
assemblage 70%
Sémillon et 30%
Sauvignon. 2021, c’est un millésime d’une très belle fraicheur, les Sémillons n’étaient pas en sur-maturité, les
Vins sont d’une belle tension et
généreux à la fois, c’est un très beau millésime en
Clos des Lunes.
Nous travaillons sur la modification du cuvier du Domaine de Chevalier qui date de 1991, nous refaisons aussi le cuvier du Domaine de la Solitude, nous continuons d’investir fortement au bénéfice de la qualité, notamment avec des cuves béton avec des rapports hauteur et largeur qui privilégient d’un important contact entre la surface de
marc et le jus. Ces cuves béton proposent un bon échange gazeux entre le milieu intérieur et extérieur, en qualité de
vinification c’est, à mon avis, le top. Dans un cuvier il faut tous les matériaux, les cuves bois, cuves Inox et cuves béton.
Mes deux fils Adrien et Hugo travaillent avec moi, Adrien s’occupe de toute la partie commerciale dont il est en charge aujourd’hui, et Hugo est plus axé sur la partie technique dont au
Clos des Lunes, c’est donc une grande chance d’avoir mes deux fils avec moi.
Nous utilisons les
bouchons Diam’s depuis 2008, nous avons envoyé 3 ou 4 millions de
bouteilles à travers le monde entier et nous n’avons jamais eu un seul retour, nous avons un bouchage garanti, on peut ouvrir des
millésimes anciens en toute sérénité, ils sont tous magnifiques, d’une grande fraicheur
aromatique.
Si on compare 2018, 2019 et 2020 : pour nous, 2018 est un millésime d’une grande puissance, le charme, la grande élégance. 2019 est moins concentré et puissant, il est très classique de
Bordeaux, plus sur l’élégance, la longueur, la tension, la subtilité, un vin d’une grand distinction. 2020 est à l’opposé de tout cela, il est plus sur la notion de puissance, de concentration, c’est un millésime costaud qui en impose, il n’a peut-être pas la subtilité du 2019 qui est plus “féminin”, très élancé, quand le 2020 est plus “masculin”, plus musclé. A chaque
vinification je m’efface devant le grand
raisin, c’est pour cela que chaque millésime a son
caractère propre, c’est un peu comme deux enfants d’une même famille, tellement semblables mais aussi tellement différents.
Nous commençons à préparer la célébration de mes 40 ans au Domaine de Chevalier, ce sera en 2023 avec différentes manifestations.”
Formidable
Pessac-Léognan rouge 2018, un vin
gras, aux
tanins présents, riche et parfumé en bouche, bien marqué par son terroir, associe puissance et distinction, avec ces nuances de griotte confite et d’
humus, un bel exemple de ce très grand millésime bordelais.
Le 2018, aux senteurs de cerise et de sous-bois, d’une grande
finesse aromatique, qui dégage en bouche des nuances de
fruits cuits (
cassis, griotte) et de truffe, très
typé, également.
Le 2017 est vraiment remarquable, de
robe grenat intense,
équilibré, aux notes de
cassis bien mûr, avec des nuances fumées, puissant,
corsé, un vin qui commence à se fondre.
Splendide 2016, de
couleur intense, ample et parfumé, aux connotations de
fruits rouges macérés avec cette note de fumé délicate au palais, persistant en bouche, un vin
gras, bien
corsé, aux
tanins puissants et mûrs. Dans la lignée, le 2015, puissant, savoureux, est riche en
couleur comme en matière, d’une belle
couleur aux reflets violets, un vin qui mêle structure et distinction, très classique, très parfumé, avec ces notes d’
humus et et de
fruits surmûris. Le 2017 est vraiment remarquable, de
robe grenat intense,
équilibré, aux notes de
cassis bien mûr, avec des nuances fumées, puissant,
corsé, un vin qui commence à se fondre.
Splendide 2016, de
couleur intense, ample et parfumé, aux connotations de
fruits rouges macérés avec cette note de fumé délicate au palais, persistant en bouche, un vin
gras, bien
corsé, aux
tanins puissants et mûrs. Dans la lignée, le 2015, puissant, savoureux, est riche en
couleur comme en charpente, aux
tanins fermes et fins à la fois,
corsé, tout en bouche, très chaleureux, aux nuances de
fraise, de truffe et d’
humus, de
garde, évidemment.
On ne peut qu’être également sous le charme de ce
Pessac-Léognan blanc 2019, aux effluves de petits
fruits frais et de pain grillé, d’une belle onctuosité, alliant
finesse et structure. Très beau 2018, de teinte pâle, fin, ample, aux nuances délicatement citronnées, avec cette pointe de nervosité présente, d'une grande persistance
aromatique au palais. Le 2017, tout en bouche, est
typé, au
nez fin où l’on retrouve des notes de
fleurs blanches et de noisette, de bouche
ronde et persistante, à ouvrir sur une escalope de veau comme sur des crustacés.
Le 2016 est
gras et délicat au
nez comme en bouche, avec des nuances de
fruits blancs mûrs, de grillé et d’amande, est tout en élégance, intense. Le 2015, un vin puissant, avec des
arômes de grillé et d’abricot, de bouche riche mais fraîche, très bien
équilibré en
acidité.