À la tête des Premiers Grands
Vins Classés. “Nous cultivons en Terras
Vitis, nous explique Jean-Luc Barreau, donc de façon très raisonnée et parcimonieuse, nous avons d’ailleurs beaucoup d’insectes dans le vignoble. Nous avons la volonté de préserver ce patrimoine et de le faire perdurer.
Je suis très concerné par la culture bio, cela fait déjà longtemps que nous sommes certifiés Terra
Vitis avec un cahier des charges à respecter. Il faut parfois jongler et accepter de faire tomber quelques grains, l’exposition des
vignes... plusieurs paramètres ont joué en notre faveur. Depuis 20 ans, nous avons tous les moyens pour mieux maîtriser nos
vignes et il faut être raisonnable sur les
rendements, c’est fondamental pour la qualité des
Vins. Tout se joue avec l’équilibre par pied de vigne: dimension des grappes, vendanges vertes, état sanitaire, aération pour éviter les maladies... Il faut savoir prendre les bonnes décisions et réagir vite.
Je travaille avec passion en pratiquant une politique volontariste de qualité. Pour moi, ce qui importe dans le vin, c’est le fruit, le bois booste un peu le vin mais c’est le fruit qui prime. Nous avons refait le cuvier à
Pomerol car je souhaite avoir l’infrastructure pour faire du parcellaire, j’ai fait faire des recherches sur le sous-sol (carottage de 1,5 m) de chaque parcelle de Certan de May par la Chambre d’Agriculture. C’est surprenant, il y a des
graves tellement compactes que les racines ont du mal à descendre.”
“2021 a été une année difficile pour le
viticulteur, nous raconte Jean-Luc Barreau. Tout d’abord, le gel entre le 4 et 8 Avril, le thermomètre est descendu jusqu’à – 3, heureusement que nous sommes équipés de deux éoliennes qui protègent le vignoble. L’éolienne provoque un mouvement d’air, cela associé aux bougies, et a eu pour effet de bien protéger les
vignes, notamment celles du plateau. Il y a eu aussi une importante pluviométrie, +500 mm, ce qui est considérable mais nous avons bien résisté au
mildiou avec plusieurs passages successifs, l’impact n’est que de 5%.
C’est moi qui surveille les maturités et effectue les prélèvements, goûte les
raisins régulièrement. Nous avons vendangé les Merlots du 27 Septembre au 1er Octobre, grâce à une météo très clémente, nous avons eu beaucoup de chance, la maturité s’est brusquement accélérée. Nous avons adapté la récolte en fonction de chaque parcelle, j’ai pu amener les
Cabernets à bonne maturité, nous les avons rentrés le 3 Octobre. C’est l’un des avantages du réchauffement climatique, maintenant, nous vendangeons les
raisins à parfaite maturité, ce qui n’était pas le cas il y a une quinzaine d’années.
J’ai pris
garde à bien préserver le fruit au moment des
vinifications, je n’ai pas fait de
cuvaison trop longue et tout s’est très bien passé.
J’ai opté pour ne pas monter trop haut en
température, je ne voulais pas extraire de
tanins trop agressifs. Quant à l’élevage, j’ai diminué le pourcentage de
barriques neuves, 25 % seulement afin que le
boisé ne s’impose pas de trop dans le temps, masquant le fruit. Je goûte régulièrement le vin qui évolue très bien, ce 2021 a beaucoup de charme, d’élégance, il a un joli fruit, il est bien équilibré, je suis agréablement surpris.
J’ai regardé mon historique d’un point de vue climatique et d’après ce que je goûte, je retrouve dans mes notes, des similitudes avec 2014, certes, ce ne sera pas un grand millésime mais, franchement, ça sera très agréable, le vin est très charmeur.
Si on compare 2019 et 2020, personnellement je préfère 2019, c’est un vin
charnu, d’une grande
finesse, un vin “dentelle” comme je les aime,
gras en bouche,
plein, précis. Je trouve 2019 supérieur au 2020, en tout cas chez moi. Le 2020 est magnifique aussi, avec de beaux équilibres, des
tanins bien fondus, soulignés par un joli
boisé, un très beau millésime, nous avons eu quelques très jolis
millésimes cette fin de décennie.”
Formidable
Pomerol 2019, il est parfumé,
harmonieux, savoureux et
corsé mais tout en délicatesse, au
nez subtil, intense, avec des notes d’épices douces, de bouche ample où se développent des nuances de pruneau et de sous-bois. Le 2018, au
nez de petits
fruits rouges mûrs et de cuir, avec des
tanins veloutés, est un vin ample, complexe, très
typé, tout en distinction. Le 2017, tout en séduction, au
nez où prédominent les
fruits surmûris, avec des nuances en bouche où l’on retrouve la
framboise, la violette et le poivre, est un vin velouté. Beau 2016, de
couleur intense, au
nez puissant et subtil à la fois, aux senteurs de
fruits mûrs (
cassis, griotte) et de truffe, un vin qui commence à peine à se fondre, d’excellente
garde.
Superbe 2015, au
nez dominé par les
fruits rouges à noyau et des notes de fumé, ample et volumineux, avec, en bouche, des connotations de
cannelle et de petits
fruits rouges macérés (
fraise, myrtille), complexe et savoureux, de grande évolution. Le 2014, avec ces notes de
fruits mûrs (cerise noire, myrtille), et de réglisse, est très structuré en bouche, puissant mais tout en élégance, parfumé au palais. Le 2013, est de belle teinte rouge intense, au
nez marqué par des
arômes de mûre et de réglisse, un vin ample (plus de Cabernet), persistant en bouche. Le 2012, se goûte particulièrement bien, d’un joli
pourpre foncé, un vin solide, complexe et
corsé, avec ces notes subtiles de cerise et de pruneau confits,
typé. Le 2011, est fin, de très belle
robe d’un grenat profond, aux
arômes de
fruits rouges avec des notes fumées subtiles.
Splendide 2010, d’une belle complexité
aromatique fruité et élégant, bouche croquante, beaucoup de
chair, un vin concentré en matière, aux
tanins puissants et mûrs à la fois, très parfumé, dense et savoureux.
Exceptionnel 2009, à la fois puissant et velouté, concentré et parfumé, aux connotations typiques de mûre et de sous-bois, de belle structure, de
couleur grenat intense, distingué, aux nuances de cerise confite et d’
humus en finale, un vin d’un grand équilibre, de
garde. Quant au 2008, il est dense et puissant, où dominent les saveurs de sous-bois et de
fruits cuits, savoureux au palais, c’est un vin qui commence à se fondre,
tannique, très
typé du millésime, parfait sur un filet de veau en croûte de cèpes ou un pigeon
rôti.
Vous allez aimer aussi leur Lussac-Saint-Emilion
Château Poitou, également à la tête de son
appellation.
“Notre Lussac
Château Poitou vieillit en
barriques 12 mois, précise Jean-Luc Barreau, ce qui lui donne une belle aptitude de
garde. Je tiens à valoriser mes
Vins qui sortent toujours parmi les premiers en
dégustation à l’aveugle. Je pars du principe que dans le temps les bons
Vins se vendent toujours, donc mon objectif reste toujours la qualité. Je vais présenter ce vin en
bouteilles lourdes, changer l’étiquette, des efforts qui soulignent la qualité des
Vins.”
Le 2019,
typé,
charpenté, riche et parfumé en bouche, avec ces notes subtiles de pruneau confit, allie structure et velouté, un vin
gras, de
garde. Beau 2018, où s’entremêlent les saveurs de sous-bois et de
fruits surmûris,
charnu et coloré, c’est un vin qui demande à se fondre, vraiment prometteur. Le 2017, qui réunit amplitude et suavité, de
couleur grenat soutenu et intense, au
nez de
fruits surmûris et d’
humus, bien
corsé, est idéal sur, notamment, une souris d'agneau ou un filet de bœuf
rôti.
Tout en bouche actuellement, le 2016, qui sent la mûre, les épices et l’
humus, de bouche persistante, de très bonne base
tannique, mais c’est un vin tout en souplesse,
plein de charme, que l’on apprécie sur des cotelettes d'agneau aux aubergines frites ou une rognonnade de veau.
Le 2015 , associe
couleur et matière, au
nez complexe à dominante de
prune et d’
humus, aux
tanins bien
soyeux, de bouche ample avec cette saveur poivrée persistante. Quant au 2014, il est remarquable, c’est un vin très
typé, aux
tanins mûrs, très équilibrés, alliant charpente et souplesse, avec des
arômes complexes de
prune, de sous-bois et de réglisse, ample en bouche, et se débouche, notamment, sur un tournedos Rossini.