Au sommet. Ces propriétaires sympathiques couvent leur petit vignoble de 6 ha planté sur croupes et plateau de structure argilo-calcaire. “Je fais très attention à la sélection de mes barriques, dit Yannick Le Menn, car je pense que l’élevage est tout un art. Je travaille avec trois tonneliers différents, les chênes viennent du centre de la France, le bois provenant de forêts domaniales est de bonne qualité, le travail de coupe et de repeuplement y est bien fait. Je préfère des barriques à chauffe moyenne, cela permet de ne pas dénaturer le vin mais au contraire de lui apporter une touche de complexité.
Nos deux fils travaillent dans le milieu du vin. Grâce à eux, nous travaillons de façon plus pointue, plus exacte dans le dosage d’azote, par exemple. Depuis quelques années, on s’interdit au Château Haut Saint-Clair de mettre des produits anti-pourriture car on s’aperçoit en faisant des analyses de recherche des résidus, que les anti-pourritures migrent vers les vins. J’aime beaucoup retrouver le fruit dans mes vins, je n’aime pas trop les tanins en puissance, j’aime que mon vin soit équilibré, j’essaye de ne pas trop extraire. J’ai fait mes études de viticulture en Bourgogne à Beaune, mon professeur, André Vedel, appelait cela “des vins de mouchoirs”.
“Nous venons d’emménager dans le nouveau cuvier, nous raconte Yannick Le Menn, nos deux exploitations sont ainsi réunies, la vinification et l‘élevage s’effectuent au même endroit, c’est plus pratique. Les vins sont ensuite acheminés au Château Haut Saint-Clair pour y être étiquetés, stockés ou expédiés, c’est plus facile pour mon épouse Andrea.
Mes fils ont souhaité que pour toutes les nouvelles parcelles plantées en Cabernet-Sauvignon et Petit Verdot, nous fassions de la vinification intégrale en barriques. L’extraction est plus importante que dans une cuve, nous avons maintenant des moyens modernes pour exploiter au maximum les tanins et la couleur.
L’année prochaine nous poursuivrons avec le Malbec et peut-être de nouveauxcépages qui résistent au réchauffement climatique. Nous avons profité de cette restructuration de travail pour nous équiper d’un nouveau pressoir, égrappoir… Nous avons modernisé le matériel. Nos deux propriétés bénéficient de la thermorégulation, nous avons un pressoir vertical, normalement ce type de pressoir est utilisé pour les olives, cela donne des jus remarquables, c’est un point positif. Maintenant, nous avons un site de travail bien organisé, que ce soit, pour la réception de vendange ou la mise en bouteilles.
Nous continuons aussi à complanter le vignoble. Avec le réchauffement climatique, nous nous apercevons que les Merlots donnent des vins de plus en plus élevés en degrés d’alcool, surtout avec des rendements moindres ; nous plantons donc un peu plus de Cabernets-Sauvignons, de Petits Verdots ou des Malbecs. Avec nos Cabernetsfrancs qui sont exceptionnels sur la propriété, cela devrait faire de très jolis vins. Adapter les cépages est l’idée de nos fils qui travaillent dans le milieu de la viticulture.
Le 2021 n’a déjà pas bonne presse, c’est vrai que la météo n’a pas été formidable mais le vin est très sympa. Nous avons été étonnés d’une telle qualité produite, autant à Puisseguin qu’à Saint-Georges. Nous n’avons pas dépassé les 40 hl/ha, ce qui est honorable, nos vieilles vignes ne produisent pas autant que des jeunes ! Nous n’avons pas eu de problème de mildiou car nous avons su soigner la vigne au bon moment. Nous sommes certifiés HVE depuis 2019.
Pour le millésime 2021, les vins sont très agréables, sur le fruit, avec des tanins relativement souples, ce ne seront pas des vins de grande garde. Ils seront très plaisants à déguster dans leur jeunesse, ont des notes mentholées, j’aime beaucoup cela, ça apporte de la finesse. A l’élevage, ils sont en foudres de 400l. J’apprécie beaucoup le tonnelier Demptos, ces fûts apportent de la sucrosité aux vins, je n’aime pas trop les tanins rustiques donnés par trop de chauffe. Les consommateurs aujourd’hui préfèrent les vinsfruités et aromatiques plutôt que tanniques.
A la vente, nous proposons notre Puisseguin Saint-Emilion Château Haut-Saint-Clair en 2017, un millésime très agréable à redécouvrir, ainsi que la belle trilogie 2018, 2019 et 2020, le Moulin Saint-Clair 2018 et le Château Belair Saint-Georges 2019 en Saint-Georges Saint-Emilion.”
Cette famille chaleureuse propose des vins à leur image et notamment ce Puisseguin Saint-Émilion Sélection 2019, d’une belle structure avec beaucoup d’élégance, aux notes de fruits, de cannelle et d’humus, très équilibré au nez comme en bouche, tout en nuances d’arômes. Le 2018, c’est un vin riche en couleur, classique et concentré, alliant finesse et structure, ample et long en bouche, aux tanins enrobés, ample et charmeur, d’excellente garde. Le 2017, est très bien fait, corsé et complexe, aux nuances de fruits rouges bien mûrs et une touche d’épices, parfait avec des brochettes d'agneau ou une galantine de canard au foie gras. Superbe 2016, un vin chaleureux, dense, de bouche distinguée, très bien corsé et équilibré, parfumé (griotte, humus...), qui allie concentration aromatique, finesse des tanins et structure au palais, avec une délicieuse finale poivrée.
Goûtez aussi leur Moulin Saint-Clair 2018, parfumé, de bouche corsée, avec des notes de sous-bois et de cerise mûre, de bouche ample et fondue. Et ce beau Saint-Georges Saint-ÉmilionChâteau Belair Saint-Georges 2019, au nez où dominent le pruneau et les sous-bois, de bouche flatteuse et riche, aux arômes séduisants de cassis et de sous-bois, avec des taninsveloutés.